Conférences littéraires au lycée Gambetta
Jean-Daniel Baltassat et Gilbert Sinoué
Pour l'année scolaire 2005-2006, Monsieur Santi, professeur de Lettres, a choisi de faire découvrir aux lycéens de Gambetta les Flandres et plus particulièrement le célèbre peintre Van Eyck. En Novembre, Madame Annie Degroote est venue leur présenter deux de ses romans : Le Moulin de la Dérobade et Les silences du Maître Drapier . En décembre c'est au tour de Madama Elisabeth Belorgey de tracer un Autoportrait de Van Eyck. | |
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Doña Isabel est trentenaire. (Au quinzième siècle, à cet âge, on se fait déjà vieux ou vieille, surtout lorsqu'on est une personne du beau sexe…) De surcroît, des rumeurs de cour la disent encore vierge… Pourquoi une infante, à trente ans passés, serait-elle encore vierge ? Pour quelles raisons n'a-t-elle pas trouvé d'époux ? Est-elle donc si disgracieuse ? Questions d'importance qui inquiètent grandement (comme il se doit) le duc Philippe - par ailleurs fervent et infatigable amateur de femmes. | |
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On est touché, dès l'ouverture du récit, par la sensualité, les qualités « visuelles », « tactiles » de la langue dont use Jean-Daniel Baltassat - une syntaxe raffinée, savante, qui sait suspendre l'attente, éterniser le charme, et au sein de laquelle transparaît parfois cette lumière limpide comme eau pure, celle qui baigne les êtres et les choses, les draperies somptueuses et l'éclat de l'étain, dans les tableaux du peintre flamand. | |
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Van Eyck est avant tout - et in fine - un observateur de la lumière. (La lumière, c'est la première matière ; et d'aucuns pensent du reste que le monde sensible est une « maladie de la lumière ».) À Makhiel, son page, Van Eyck confie cette réflexion - que lui prête Jean-Daniel Baltassat, au milieu et au « cœur » du roman -, dans laquelle se trouvent condensés sans doute tout le sens de ce positivisme propre à la première Renaissance, toute la portée de l'humanisme : « Il se peut que du Paradis il demeure parmi nous encore un écho. Une manière de souvenir. Parfois entre les choses. C'est pourquoi, lorsqu'on peint une image, il faut être exact. Ne néglige aucun détail. Sinon, on manquera cet écho. On ne peindra que des objets. Des coquilles ayant contenu la faute qui nous a jetés dans le monde, mais qui demeurent désormais vides. » | |
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